Édito novembre 2015

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Ce mois-ci, vous allez retrouver sur vos écrans le très grand film de Patricio Guzman : Le bouton de nacre. Impossible de manquer ce chef d'oeuvre qui a reçu l'Ours d'argent à Berlin en février 2015 et qui était en première française à Toulouse le 29 mars dernier pour la clôture de Cinélatino, 28es Rencontres de Toulouse. Dans ce deuxième volet de sa trilogie qui interroge la relation entre l'esprit et la matière, Patricio atteint le sommet de son art : par la poésie de l'image, dire le réel dans sa double dimension temporelle et spatiale.

Nous remercions Patricio de nous avoir fait l'honneur du premier dévoilement français de son film et espérons le retrouver très vite parmi nous, chez lui, dans nos Rencontres de Toulouse.

Projeter pour la première fois un documentaire en clôture du festival ne relève pas seulement de l'hommage à un des plus grands documentaristes latino-américains. Cela témoigne aussi du considérable développement que connaît le documentaire latino-américain depuis quelques années : nous avons non seulement suivi, mais fortement encouragé cette dynamique dans les Rencontres de Toulouse. Depuis 10 ans, une commission bénévole travaille spécialement sur le documentaire et celui-ci a pu trouver une véritable fenêtre d'exposition au cœur du festival. Dans le même temps, la Bibliothèque de Toulouse, le CRL et la librairie Terra Nova ont soutenu cette visibilité. Nous devons tout particulièrement nous réjouir du partenariat établi avec la Bibliothèque de Toulouse qui a permis à des documentaires latino-américains d'être présentés à l'association nationale Images en Bibliothèques. Celle-ci a soutenu leur édition en DVD. Ainsi Le grill de Cesar de Dario Aguirre a pu entrer au catalogue Images de la Culture du CNC (Centre National du Cinéma et de l'Image animée) et connaîtra ainsi une large diffusion en France et à l'étranger. Vous retrouverez ce film dans le cadre du Mois du film documentaire dans toute la région (Vic-en-Bigorre, Cauterêts, Arras-en-Lavedan, Argeles-Gazost, Marseillan, Toulouse).

Dans le cadre du Mois du film documentaire, vous retrouverez aussi Esto es lo que hay de Léa Rinaldi, sorti le mois dernier (Lectoure et Luz-Saint-Sauveur) et Ça tourne à Villapaz, le film de Maria-Isabel Ospina, que vous retrouverez aussi, a entamé le même parcours depuis juin, date à laquelle il a été sélectionné par  Images en Bibliothèques (Fonsorbes, Muret, Toulouse).

Cette reconnaissance du documentaire latino-américain a aussi un fort impact en Midi-Pyrénées et  à Toulouse. En effet, dans le cadre de ses rencontres professionnelles, particulièrement de Cinéma en développement, coordonné par Eva Morsch-Kihn, l'ARCALT (Association des Rencontres Cinémas Amérique Latine de Toulouse) a favorisé l'émergence de partenariats entre les sociétés de production locales et l'Amérique latine. Conscient de ce travail et souhaitant le valoriser, Carlos Bélinchon, le délégué régional de France 3 Midi-Pyrénées, a conclu un accord avec l'ARCALT afin de contribuer chaque année au développement d'un projet documentaire en co-production. Cette année, L'homme pressé de Sergio Castro a été choisi et est actuellement développé en coproduction franco-chilienne par Les figures libres, société toulousaine dirigée par Sonia Paramo.

Les spectateurs des Rencontres, chaque année plus nombreux devant les documentaires, savent combien il est difficile de proposer une programmation documentaire de qualité. Ce travail d'exploration, d'encouragement et de formation des professionnels, de sensibilisation des publics nécessite un fort investissement en temps et en argent. Favoriser la reconnaissance, par la professionnalisation, du cinéma latino-américain, objectif que nous nous donnons depuis la création du festival, nécessite aussi de notre côté une organisation humble, mais rigoureuse, qui ne pourrait exister sans l'action professionnelle de nos six salariés. Certes, les Rencontres ne vivraient pas sans l'impulsion et la coordination très active d'une équipe d'une vingtaine de bénévoles en amont et l'implication enthousiaste de plus de 250 bénévoles en aval. Mais les Rencontres, le développement de la diffusion du cinéma latino-américain en Europe et l'action culturelle auprès du public toulousain et régional mourraient sans le travail de nos salariés et des dizaines d'acteurs professionnels régionaux impliqués dans la préparation et la réalisation de Cinélatino, Rencontres de Toulouse et de l'ensemble de nos activités.

C'est la raison pour laquelle, nous nous réjouissons du soutien que continuent de nous apporter les institutions publiques, particulièrement le Conseil Régional, le CNC et la DRAC qui ont renforcé leur appui financier et logistique ces dernières années. Nous nous voyons en revanche dans l'obligation de déplorer le repli de l'Union européenne sur un cinéma exclusivement européen et les choix municipaux de persister dans la réduction des subventions accordées aux associations culturelles. Nous reviendrons sur ce souci dans un prochain éditorial.

La meilleure réponse vient évidemment de vous, public, qui ne manquerez pas les rendez-vous que nous vous donnons au mois de novembre dans les différentes projections du cinéma latino-américain à Toulouse, dans la région et partout en Europe.