Ceux qui n’aiment pas le foot vont adorer. Et ceux qui l’aiment se féliciter de ce petit bijou. Un terrain de jeu au coeur d’une favela de Rio. La finale des favelas. Chaque équipe a rôdé son jeu. Tout le quartier est au rendez-vous. Le jeu de jambe peut commencer ; la comedia del arte s’enflammer. En les magnifiant, en les ridiculisant parfois un peu aussi, Eryk Rocha donne aux protagonistes une humanité attendrissante, voisine des figures de la mythologie grecque. Aucun sentiment n’est épargné et les lignes des corps sont peintes dans toute la beauté de leur mouvement. Il faut le vent pour tout emporter de ce lyrisme... Alchimiste du son et de la lumière, le réalisateur offre un splendide ballet populaire dans lequel les acteurs ne sont jamais vraiment dupes du rôle qu’ils jouent, même si parfois notre coeur faillit à les voir si engagés.

Stephania vit de petits boulots dans la rue. Le réalisateur, qui l’avait déjà filmée dix ans avant, l’incite à regarder le miroir enregistré alors. Naît peu à peu chez Stephania l’irrépressible désir de retrouver les siens. Né dans une famille pauvre du Nicaragua, Stephania s’engage à peine adolescent dans la guerilla sandiniste. Après avoir quitté sa famille et déjà dans un processus de transsexualité, il est adopté par des militants uruguayens. À la recherche de sa nouvelle identité de femme, Stephania s’éloigne ensuite de sa famille adoptive. Pour cette personnalité attachante, qui sait jouer des codes, le retour au Nicaragua, soutenu par le réalisateur et dont chaque étape est pressentie comme un calvaire, apparaît vite comme la catharsis nécessaire pour (re) trouver le goût de la vie. Teddy Award du documentaire à la Berlinale 2015.

En s’attaquant à un sujet aussi douloureux que la mort de très jeunes enfants, Carolina Platt prend à bras-le-corps sa propre anxiété et nous permet d’explorer avec douceur et vitalité les chemins possibles de l’interminable combat qu’est le deuil. Le film est né d’un drame mexicain qui a touché de près la réalisatrice : elle habitait dans la ville où l’incendie de la crèche ABC fit perdre la vie à quarante-neuf bébés en 2009. Avec une délicatesse remarquable, la réalisatrice suit les familles d’Emilia et Yéyé, deux enfants morts dans l’incendie. Sa propre fille devient une actrice majeure du regard porté sur la disparition des deux petits. Les images, à distance irréprochable, embrassent la force fragile mais nécessaire qu’il faut pour survivre à la douleur, affronter les angoisses, lutter pour le souvenir et la justice, continuer la vie.